Mon Ange, aide-moi, je t'en prie.

Je ne me souviens plus depuis quand exactement je prononçais ces mots "Mon Ange, aide-moi, je t'en prie.", mais cela devait faire très longtemps. Et je les ai prononcé à maintes et maintes reprises et depuis ma plus tendre enfance, car, me semble-t-il, je crois aux anges, à nos guides, depuis aussi loin que je puisse me souvenir. A chaque moment de doute, à chaque épreuve, je répétais sans cesse ces mots "Mon Ange, aide-moi, je t'en prie." Encore et encore, et encore... Si bien qu'à chaque obstacle rencontré, ils résonnaient en moi, en boucle, comme un vieux disque rayé, comme une supplication qui s'échappait au moindre de mes soupirs. A une période très sombre de ma vie, je pense même qu'ils avaient perdus leur sens, que je n'y croyais plus vraiment, que je les prononçais en mon fort intérieur sans plus espérer ou attendre grand chose. Mais je continuais de parler à cet Ange, mon Ange, parce que tristement, dans ces années-là, j'avais le sentiment de ne plus pouvoir parler de mes souffrances à qui que soit d'autre. 
 
Étrangement, alors que j'étais au plus bas, je supplia à cet Ange de se manifester à moi, de me donner son nom. J'espérai avoir un quelque chose qui me pousserait à continuer à y croire. J'étais encore très jeune, désemparé, las et épuisé. Alors je lui ai demandé son nom... Je n'avais pas dormi pendant plusieurs jours et je n'étais même plus certain de vouloir continuer à exister. Je n'en avais plus envie. Et il y a eu cette voix, fine, presque inaudible, un vague écho dans mon esprit qui aurait pu être simplement le fruit d'une grande fatigue. Mais j'ai entendu ce mot : " Courage ", alors que je venais à l'instant-même de le supplier de me donner son nom.


Courage. 
 
Machinalement, bien trop fatigué pour réaliser qu'un tel patronyme était rocambolesque, je répéta cette phrase que je n'avais de cesse de prononcer, remplaçant simplement Mon Ange, par ce mot, ce prénom insensé qu'on venait de me glisser à l'esprit.
 
" Courage, aide-moi, je t'en prie."
 
Je crois que c'est à cet instant-là que je compris que tant bien même nos guides étaient là pour nous soutenir et nous guider, c'est à nous de trouver la force d'avancer, d'affronter les épreuves qui se présentent et de grandir. Ils ne peuvent accomplir les travaux qui nous sont donnés, ils sont des guides, des confidents, un soutien précieux, mais nous sommes les capitaines de notre navire et il revient à nous d'affronter les tempêtes. 
 

*Il ne faut pas les voir pour y croire, mais y croire pour les voir.